Tout a commencé par une marche en zigzag. Des pas soudain irréguliers, une rupture de la morne cadence des foulées. Un semelle qui se plante dans la rocaille stérile avec un fréquence soudainement aléatoire. Pour lui qui avait érigé le tempo en art, le rythme en science, c’était évidement un symptôme. Personne ne remarqua rien. La route vers l’ailleurs était longue, harassante.
Désert après pampa, toundra après steppe, ses jambes se firent flageolantes. Son regard devint fiévreux, effroyablement égaré. Il ne quittait plus son casque branché à rien. On mit ça sur le compte de l’épuisement. On décida d’avancer de plus belle. De fendre les prairies, de tasser la rocaille. Vers le meilleur.
Il frissonnait. Ne parlait plus. On accusa la fièvre. On lui promit une convalescence courte. On repris la route. La procession de pèlerins ébènes s’ébranlait, regardant droit vers l’espoir. Oubliant de voir le mourant.
Jour après jour il était plus faible. Il n’avançait plus, il trébuchait. Sans cesse plus lent, plus balourd. La colonne s’arrêtait fréquemment pour l’attendre, grand corps chancelant.
Cette partition morbide, tous l’avaient déjà entendue. Tous savaient qu’elle finirait en mineur. Mais, face à la mort, autant feindre l’ignorance.
Un jour, DJ Zer ne mangea pas. Le lendemain non plus. Ni le surlendemain.
Le visage émacié, les yeux rouges et déjà diaphanes, il s’endormit tôt ce soir-là. Et ne se réveilla jamais.
Au petit matin, ses frères le trouvèrent. Ils décidèrent de lui donner une sépulture. A leur façon.
