L'injuste et ignoble meurtre de Kadoc

Triste et morne. Crasseux.

Il n’y avait pas d’oiseaux. Le ciel était gris. Comme les vestiges de bâtiments agricoles que la petite troupe avait investi le temps d’une halte. Le corps de ferme en parpaings moroses avait dû être laid autrefois. Dans son écrin de poisse et de rouille, il était hideux désormais.
Rougissures dans le fer, moisissures dans la pierre et flétrissures dans le bois. La fermette était aussi morte que ses habitants. Crevée et pourrie jusqu’à la l’os. Bouffée par les miasmes et les vers.

Intacte, miraculée, la mare des porcs était encore humide. Et exhibait sa fange merdeuse avec fierté. Les porcs avaient été saignés depuis des lustres, mais ça sentait encore le lisier. Putain d’coin fienteux.

***


Ils étaient là.

***


Leurs deux silhouettes désassorties se découpaient à l’horizon. Celle, trapue, râblée et blafarde de Maxwell. Celle, élancé, plantureuse et ébène de Michonne.
Michonne…la dernière fois qu’il l’avait croisé, Achraf avait fini avec les couilles en coulis et l’honneur en charpie.

Alors cette fois, il allait jouer les cadors. D’entrée de jeu, lui en mettre plein la vue. Lui montrer qu’il en avait, à plus savoir qu’en foutre…

Une idée…Kadoc…ce gros tas. Dégénéré, taré. De la fin de race blanche. Inoffensif, inutile. Mais foutrement gourmand.…tiens…il était justement en train de s’enfiler de la viande séchée en douce…fils de pute.

D’un regard, Achraf vérifia que Michonne était désormais suffisamment près pour ne pas manquer une goutte de la tragédie qu’il allait lui jouer.

- Tu boulottes ma bouffe, mon gros ?

Kadoc leva le regard, plus idiot que jamais. La haine battit les tempes d’Achraf.

- Gros goret…ta place est dans la mare…des porcs

Achraf prit soin de bien articuler chaque mot et de charger le dernier terme de sa tirade du plus grand des mépris. Il était plutôt content de lui jusque là.

Sa batte fendit l’air et s’abattit sur le grassouillet nigaud. Plus exactement sur ses doigts qui lâchèrent instantanément la barbaque. Kadoc poussa un petit cri sourd.
De son gourdin, Achraf désigna la marre de boue.

- Va te baigner le porc…

Comme le blanc traînait, incrédule, la batte frappa une nouvelle fois, heurta les côtes. Kadoc cria, vacilla, mais resta sur ses assises.

Au trot, il descendit le talus et marcha jusqu’un milieu de la petite flaque d’immondices.

- Roule-toi dedans, porc.

Kadoc, que l’odeur ne gênait guère et que les coups terrifiaient, s’exécuta sans broncher. Des larmes lui montaient aux yeux.

- Fais le porc.

La pauvre victime, attardée, était incapable d’une telle prouesse d’imitation. Alors la batte heurta à trois reprises les reins du gros. Il hurla. Hurla encore. Sanglota et hurla.

Autour de la mare, alertés par les gémissements et les beuglements, quatre autres noirs. Et un blanc, en retrait, apeuré.

- Allez-y, frappez . C’mec il a trop vécu. Qu’il crève.

-On les a finalement retrouvé...-
+Maudit désert, l'a bien failli nous perdre et pour quoi ? Vérifier c'te putain d'carcasse que les frangins ont vu émerger... Quoiqu'ca valait l'coup quand même...+
-J'avoue que l'escapade avec Maxwell s'est révélé fort... instructive.-
+Instructive ?! T'as kiffé point barre ouai... bah mais au moins tu t'l' avoues c'pas si mal.+
...
+Oué dis rien... t'façon j'crois qu'on va avoir d'l'animation, mate ca.+

*Les Panthères Noires arrivèrent proche de l'attroupement où Achraf, la petite frappe faisait son possible pour démontrer son autorité*

+Putain les mecs...+
-Pour une fois je suis bien d'accord avec toi. Fais comme si ca te plaisait, il va plus se sentir tu vas voir.-

*Elle lance un coup d'oeil admiratif à l'ex-taulard avec une moue admirative et tout à la fois craintive*

-Voilà, il devrait se sentir conforté dans son action et ca devrait éviter d'attirer trop l'attention sur nous...-
+Encore un pas ou deux, reste en retrait, et fais tourner ta chaîne, niquel, t'as l'air à la fois impressionnée, sûre de toi et prête à réagir s'il faut... Plus qu'a mater comment ca va s'finir.+
-Mais... on peut pas laisser faire ca.... ils sont en train de le lyncher...-
+... Plutôt lui que nous.+

Enfin...les retrouvailles...Il était temps des lunes qu'ils s'étaient perdus de vue.
Une fête est en préparation, l'endroit s'y prête bien! Un porc va être saigné. En attendant, ce porc débile de Kadoc est dans la marre à purin, il se roule dedans, il tente vainement d'imiter son animal fétiche. A chaque couinement raté, un coup de batte vient lui heurter le flan.
L'albinos est en retrait à côté de Michonne, l'oeil envieux, trépignant d'impatience,espérant rouer de coups le gros.
Hé..hé...les bro..dîtes..dîtes..j'peux?? j'peux?
Achraf répond tout simplement qu'il pourra mais bien plus tard. Pour l'instant, c'est son jouet, son animal qui prend plaisir à torturer, à humilier...
Wé, la fête s'annonce belle...

Il savait que ça allait arriver. Des jours que le gros lard les suivait, sans décrocher autre chose que des trucs sans queue ni tête. Un gamin de 7 ans attardé dans un corps de gros sac crado. Pas emmerdant, il lui arrivait même de déterrer des trucs plus ou moins utiles, sans s'en rendre bien compte d'ailleurs. Non, pas emmerdant. Mais les réserves s'amenuisant c'était devenu une bouche inutile, et le grand Brown n'attendait plus qu'une bonne occasion se présente.

Le vieux Redding s'était mis à l'ombre d'un mur branlant, à l'aise, et il commençait à peine à s'assoupir quand il fut réveillé par les geignements pitoyables du gros.

- Ca y est, ça commence.

Il se lève pour jeter un coup d'oeil à la scène. Le sale spectacle bat son plein, et tout le monde rivalise de démonstrations de virilité faciles aux frais de l'infortunée vedette du show. La présence de la panthère aux premières loges déchaîne la testostérone : ils s'excitent comme une bande de jeunes macaques, et c'est le gros qui essuie le surplus. On se doit d'être le plus inventif et le plus craignos, pour bien prouver qu'on en a dans le froc.
Le vieux Redding, lui, il a plus rien à prouver. L'a passé l'âge de ces conneries.

- Hey, négros ! Faîtes-lui fermer sa putain de gueule, j'aimerais bien dormir !

Connards de branleurs... encore un foutu boulot dégueulasse.

[maxwell tu peux poster ici aussi http://www.fract.org/forums/index.php?sujet=349 ]

Une grosse et grasse pâtisserie d’excréments. Une tourte à la tourbe. Couverte de boue, nappée de fiente. Du coulis pourpre ruisselant sur sa bouille bosselée, se mêlant à la gadoue.

Un soufflé qui retombait, un chou boursoufflé et tuméfié.

L’obèse rampait dans la fange. Marmonnant, implorant, larmoyant. Délirant. Les doigts brisés, les côtes fracturées. Les yeux pochés, mouchetés de rouge. Presque aveugle. Le foie éclaté, la bouche ensanglantée.

De la charpie de sous-homme.

Les hémorragies le sabordaient, son sang s’écoulait de ses organes meurtris, dessinant de larges œdèmes sur son corps. Un clafouti de bosses bleuies, une quiche d’escarres si peu appétissante. Gerbante, même.


Achraf planta son œil dans ceux de George.

- Bien. Mais reste à ta place, blanc. Il est à nous. Recule

Il avisa Michonne. Postée en retrait, ses douces mains tenant fermement des chaînes rouillées. Regard noir. Lorgnade hostile. Œillade défiante.

- Frapper un bro’, tu sais faire, sister. Mais saigner un porc ? Tu crois qu’tu peux ?