A MooooooOOooOoort!

Ce soir là sur le bivouac, Hakim avait tranché.

Nombreux étaient ceux à avoir débattu sur le sort de la petite Þura. Il faut dire qu'elle avait fait forte impression dès sa rencontre avec le groupe de nègre : menaces, insultes, insolence, elle n'avait pas comprit qu'elle devait s'adresser à eux uniquement en baissant les yeux et gagner leur respect comme avaient su le faire George ou Amya.

Beaucoup avaient parlés, Alack, Fehed, Hakim bien sûr, même Esteban le latino qui dirigeait la troisième tribu, celle du melting pot. Ils avaient d'abord voulu l'enchainer et la ré-éduquer... mais les rigueurs du climat d'été et les difficultés de la survie durcirent rapidement les débats.

Oui, ce soir là sur le bivouac, Hakim X avait tranché.

Se redressant de toute sa longueur, il partit quérir les nègres les plus pieux qui étaient présent aux alentours.

Alack, Serrurier, Michonne faisaient parti de ceux qui ne rechignaient jamais devant un sermon, faisaient preuve de grande piété et c'était à eux qu'il avait décidé de faire sa prêche. C'est un Hakim amaigrit qui prend la parole, sa chemise léopard est collée à son torse par la sueur, mais pour la première foi depuis bien une semaine, il est sobre et a retrouvé la forme et le charisme qu'on lui connait habituellement dans ses discours.

"Nous tous mes enfants sommes préoccupés par cette petite Þura qui se croit tout permis. QUI SE CROIT NOTRE ÉGALE! Et c'est tout naturellement que je me dois de vous en parler."

Claquement de doigts et regard vers Alack.

"N'a t'elle pas menacée de mort notre bon patriarche et sage parmi les sages? Alack Mistake?"

Roulement de hanche groovy, coup de talon dans le sol et regard vers Serrurier.

"N'est-il pas vrai qu'elle c'est moquée du Mudjaidin Serrurier? Qu'elle a usée de ses dons de tentatrice blanche contre lui?"

Petit sifflement imitant celui d'un serpent puis regard vers Michonne.

"N'est-il pas vrai aussi qu'elle a voulu détourner nos braves frères de la beauté nègre de notre somptueuse Michonne?"

Il tend le "True Science Book" vers les cieux.

"Mais il y a PIRE! Þura n'est pas seulement une blanche... je vous le dis... elle fait parti de l'élite blanche voulant l'extermination du peuple noir... Cela m'est apparu en rève cette nuit... OUI, OUI vous entendez bien, Þura est une maudite Abyad! Et le couroux de notre armée doit s'abattre sur elle, oui, OUI ENTENDEZ MOI MES ENFANTS!

... entendez moi car..."

Il tend encore son livre saint et de l'autre bras, braque les ténèbres vers la position de la tente de Þura où celle-ci doit dormir.

"Je la condamne à mort!"

Les paroles de l'ancien résonnaient encore dans sa tête. Il l'avait appelée depuis son campement plus à l'ouest. Il lui avait demandé de venir et sans poser de question elle avait accouru, tête basse, obéissante.
Si l'Apôtre représentait la parole divine et en cela méritait tout le respect du à son rang, il est un respect plus grand encore aux yeux de Michonne, c'est celui des aînés.
Alack Mistake White détenait la sagesse.
Alack Mistake White avait été menacé.
Elle se devait de réparer le tort, c'était son rôle de fille de l'Oumah.

L'islandaise était une aberration. Elle les avait mis en garde dès le départ. Mais l'Apôtre et Mistake avait jugé que sa réaction n'était que haine primale envers une femelle.
Il y avait de cela.

Aujourd'hui, indirectement ils lui donnaient raison, mais c'est avec humilité qu'elle ferait son devoir.

"Je la condamne à mort!"

Vive elle s'était levée, elle était une panthère en chasse qui n'hésitait plus. Déjà ses anciens camarades s'étaient écartés, car devant la parole des Dieux il ne fallait pas se dresser.
L'islandaise au teint de cire lanca quelques regards éberlués autour d'elle, ne sachant d'où allez venir le danger.
Instinctivement elle fixa son regard sur le Serrurier, qui sans finesse s'approchait d'elle, menaçant.

Ce fut sa première erreur.
Quelques pas d'élan plus tard, Michonne se projeta pieds en avant, et dans un chassé brutal vint percuter la pauvre fille par derrière, la projetant au pied du Serrurier qui la gratifia alors d'un sourire terrifiant

La belle affaire que voila - Encore une mise à mort - Le rythme est plutôt bon ces dernières lunes - Saint Just passe devant le petit comité révolutionnaire un large sourire aux lèvres - Une main tendu il salut chaleureusement la troupe.

- Ma sœur - Mes frères...
Ta gueules la pute.

La petite blanche aurait du sucer - Il n'y a rien de déshonorant à ce faire démonter par quelques nègres - Montrer son respect pour ce faire intégrer à la famille - Elle avait choisi entre l'honneur et quelques difficultés à marcher une lune ou deux - Moralité elle ne marcherait plus du tout - A savoir si elle mourrait avec honneur... La rondelle intact certes - Quoi que - Mais sa grande gueule largement redessiné par les coups de lattes.

Le rasta n'avait pas que çà a foutre que de participer à la justice locale - Une autre fois - La il cherche Wall dans les hautes herbes - Ça fait un sacré baille qu'ils n'ont pas toasté tout les deux...

La haine, franche, droite, absolue. Le conflit racial dans son atrocité la plus crue. C'est là tout ce qui traverse l'esprit étroit du Serrurier en cet instant où l'adrénaline se déverse dans ses veines.

Þura est au sol, jetée aux pieds du Noir, bousculée, les sens en alerte. Sa vie fait partie du pot, les cartes sont servies, la partie va se dénouer. Le Serrurier sourit dans un rictus hideux, car cet homme est laid, atrocement moche, irrémédiablement abominable.


"He ben, cousine, ça sent la merde pour ta gueule, là, hein?"


Le swing est fantastique, le batteur est Noir, la batte est un pot d'échappement cloutée, la balle est un visage de blonde aux traits fins et séduisants.

La violence de l'impact est inouïe, la tête de la jeune femme pivote sèchement, les vertèbres craquent, cèdent, le faciès est ravagé, labouré par la dizaine de pics rouillés, l'arête du nez rompt, et probablement une ou deux prémolaires dans le même mouvement.

Dans un cri à demi étouffé, Þura lâche prise et s'effondre dans la poussière, la plaie qui lui sert désormais de visage se mélangeant à la terre ocre. Déjà, un sang épais et noir se glisse en une auréole pourpre sous son crâne meurtri. La nuque est brisée, l'espoir n'est plus permis, des convulsions parcourt son corps à demi électrocuté par la douleur, à moitié envahit par la mort. Déjà, ses membres ne lui répondent plus, sa vessie se vide doucement dans sa petite culotte de coton.

Quelques larmes s'écoulent le long de sa joue encore intacte, pâle comme un linge.


"C'qui est dit, est dit. On t'la fait pas à l'envers sale pute, j'avais été clair ma race. Sur l'Coran, j'mens jamais. T'as déconné, wesh, voilà tout. Faut en vouloir qu'à toi."


Le Serrurier demeure là, à contempler sa victime agonisante, sans sourire. Il attend le coup de grâce, la mise à mort. Ce n'est pas son rôle. Mais rien ne presse, non, assurément.